samedi 21 février 2009

F.Truffaut, L'HISTOIRE D'ADELE H (1975)


L'histoire d'Adèle H est celle de la seconde fille de Victor Hugo, traversant l'océan pour rejoindre un homme qu'elle aime et qu'elle indiffère. C'est l'histoire d'une obsession, d'une idée fixe qui conduit une jeune femme à la folie. Truffaut disait qu'après avoir fait des histoires d'amour à deux et à trois personnages, il souhaitait en faire une à un personnage. De fait, ici, tout tourne autour d'Adèle; après quelques secondes de film, apparaît son visage blanc (le visage porcelaine d'Adjani), dont l'on suivra les émois pendant une heure trente. Les personnages secondaires sont réduits au minimum, sans être bâclés (qu'on pense à la logeuse et au libraire). Les plans sont resserrés autour d'Adèle, l'usage du gros plan est très fréquent. Point ici de cadres larges ou de panoramiques qui feraient apparaître le brillant d'une reconstitution, comme c'est souvent le cas dans les films historiques. Rien ne compte que le devenir d'Adèle, aussi Truffaut s'est-il efforcé de réduire au minimum les éléments contextuels, non indispensables à la narration, en accord avec son credo selon lequel un des risques du cinéma, et surtout du cinéma en couleur est le trop plein d'informations. L'histoire d'Adèle H est ainsi un film stylisé, ayant pour objet une femme qui elle-même ritualise sa vie: passages à la banque, passages à la librairie, petit autel voué à l'homme qu'elle aime (comme plus tard dans La Chambre verte) et surtout, écriture (on possède six mille pages du « Journal » d'Adèle). Irradié par la présence invisible d'Hugo, le film manifeste à nouveau l'amour de son auteur pour les lettres.
La progression narrative repose ainsi sur la répétition; comme l'écrivait Truffaut: « au lieu que l'émotion naisse de la surprise je voudrais qu'elle se dégage de la répétition ». Au fil des variations dans la répétition, se dessine le destin tragique d'Adèle.
Isabelle Adjani a vingt ans, elle est magnifique, et trouve ici un des plus beaux rôles de sa carrière.

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